Ce dimanche matin, Marie Amélie l’a voulu matinal.
Le même rituel : un thé vert, deux tartines, un jus d’orange et cinq abricots secs.
Marie Amélie a les idées bien arrêtées, parfois il lui faut longtemps avant de déroger aux règles qu’elle a elle même initiées (son p’tit dej, les composantes de celui-ci, le nombre de tasses de thé qu’elle va boire dans la journée, le jour où elle fait sa lessive, la piscine où elle choisit d’aller nager etc.)
D’après ses calculs, si elle se rend plus tôt au marché, elle aura plus de chances de le « coincer », de savoir le pourquoi du rendez-vous raté…
Marie Amélie joue ce matin la carte de la sobriété, elle laisse son jogging du dimanche et rajoute juste un trait fin de khôl sur les yeux…
Elle passe devant le stand et s’arrête, il n’est pas là.
Encore une fois ses espoirs s’envolent comme des plateaux lancés lors d’un ball-trap.
Elle commande quand même ses légumes de la semaine et n’ose pas demander aux autres si son maraicher préféré vient travailler aujourd’hui.
Marie Amélie s’arrête chez la fleuriste. Ses fleurs préférées sont les perces neiges, mais difficile d’en trouver à Paris, et surtout difficile d’en trouver en bouquet.
Alors qu’elle parle fréquence de changement d’eau des fleurs avec la fleuriste, Marie Amélie sent une présence derrière elle.
Elle se retourne, c’est lui.
Il lui sourit, elle rougit, telle une pivoine égarée dans un parking.
Enfin, le voila hors de son terrain de prédilection, il revient tout juste du café et s’excuse.
Il s’excuse car son côté étourdit lui a fait confondre le jeudi et le mercredi. Il était bien là chez Jéjé mercredi dernier.
Si il avait le temps, il lui offrirait une fleur lui dit-il mais il doit y retourner.
Enfin il lui demande son prénom.
« Marie Amélie et toi ? »
« Hugo »
Hugo tend une carte à Marie Amélie, une carte de visite avec toutes ses coordonnées. (mail, portable, adresse postale… youhou)
Il lui demande de lui envoyer son numéro, il a follement envie de l’inviter prendre un verre dans un endroit qu’il connait.
« Un piano bar » lui dit-il.
Marie Amélie glisse la carte dans la poche de son jogging, elle fait signe que oui ; à vrai dire elle est tellement intimidée que les mots lui manque.
« Joli jogging » lui lance Hugo.
Marie Amélie rentre chez elle, elle a à présent les cartes de visite en main.
Il est 10.30, elle devrait déjà être en train de défaire son panier.
Au diable les rituels, Marie Amelie a des choses plus importantes à faire…
Comme glisser un peu de poésie dans un sms par exemple ?