« Au plaisir de te revoir, voici mon numéro. Marie Amélie » Un, deux, trois, envoyé ok, accusé ok.
Il est 14.30 ce mardi, Marie Amélie rentre de la cantine. Elle sent son téléphone vibrer. Ce numéro inconnu…c’est lui. Hugo l’invite jeudi, il ne travaille pas. Il lui propose de se retrouver en fin d’après midi selon ses dispositions. Marie Amélie lui donne rendez-vous au jardin du Luxembourg vers 17.30 c’est juste à côté de son lieu de travail. Elle adore ce jardin, elle y passe la plupart de son temps : à lire, faire des sodokus, découper des patrons de robes dans des magazines, appeler ses copines.
Nous sommes jeudi, il est 17 heures et 8 minutes. Un petit peu de gloss, ses ballerines dans son sac et ses talons hors du sac. Marie Amélie est prête. Hugo l’attend sur le banc devant la fontaine. Il lui a apporté une marguerite.
C’est bien la première fois que Marie Amélie reçoit un présent lors d’un premier rendez-vous.
Souvent les rendez-vous de Marie Amélie sont tardifs, après les journées de 10 heures des prétendants où ces derniers choisissent le dernier bar à la mode. Des bars où les cocktails sont à 20 euros et l’envie de voir atterrir Marie Amélie au creux de leur lit est aussi pressante que leur envie de faire pipi après trois coktails.
Marie Amélie a vécu deux grandes histoires. Une fin tragique et l’autre moins. Elle a envie maintenant d’une histoire simple, de confiance, où la vie serait un long fleuve tranquille ponctuée par des moments privilégiés qui la ferait sortir du fleuve au quart de tour. Hugo porte une doudoune rouge ; sa barbe de trois jours et demi et un treillis gris. Il se dit très content d’être assis à ses côtés.
Il se présente brièvement. Hugo est maraicher à ses heures perdues. En gros il vient juste en aide à son voisin les jours d’affluence au marché du 12ème. Dans la vraie vie il compose et joue dans un groupe. Il est parolier. Ses textes lui ont déjà rapporté et il décide maintenant de se consacrer à son groupe ; il organise des concerts. ‘Joy derision’ (À prononcer à l’anglaise) voici le nom de son groupe.
Marie Amélie est épatée. Elle voue une admiration certaine à ceux qui savent faire autre chose avec leurs mains que faire des anglaises avec leurs doigts ou se faire les crottes de nez. Elle adore la musique et aurait beaucoup aimé apprendre le solfège. Se produire devant ses proches, être applaudie, se concentrer, être fière de dire « ah oui j’ai fait six ans de conservatoire ; de la 5ème à la seconde »
Marie Amélie déballe son propos. Quelques notes d’humour viennent égayer son récit. Hugo semble conquis. Il est 19.30, Hugo et Amélie remonte vers le Panthéon et s’arrête devant un grand porche.
C’est ici. Étrange pour un piano bar se dit Marie Amélie. Serait-ce encore un plan foireux ?