Marie Amélie et Hugo sont assis sur un banc près du pont des arts.
Mis à part trois moteurs de scooters, deux klaxons de taxis et quelques fenêtres qui claquent, aucun bruit ne vient entraver le moment fatidique.
Marie Amélie n’ose pas parler. Marie Amélie fronce les cils et les sourcils pour se donner un air de méchante : une Cruella cruelle qui n’est pas en rien assortie à sa robe rose digne d’une pub Miss Dior chérie.
Hugo a rapporté des verres en plastiques et une bouteille de vin.
‘Du déjà vu’, pense tout bas Amélie, ‘encore un peu et il va me sortir la nappe en vichy rouge‘…
Le mot d’ordre de MA : Zénitude. Elle attend donc les explications d’Hugo.
Hugo semble intimidé.
Il commence par ces belles paroles :
« Marie Amélie, quand je t’ai vu devant le stand j’ai craqué littéralement parce que tu étais jolie, que ton sourire me conduisait directement au septième ciel sans passer par la case tactile.
J’ai adoré ta spontanéité, ton invitation à prendre ce café raté et lorsque je t’ai invité dans ce club, je voulais la soirée sage et parfaite.
Le groupe que je protège est composé à 70 % de réfugiés, des sans papiers. Il y a donc parfois des délations et je ne peux me permettre de me faire prendre.
Je suis en liberté conditionnelle à cause d’un de mes anciens groupes. J’ai raccompagné un des chanteurs dans son pays d’origine et me suis fait prendre à l’aéroport avec de faux papiers.
Ça a très mal tourné. Ils m’ont pris en grippe et ont fouillé dans ma vie.
Mon business en a subit les conséquences et voilà comment un producteur de renom est devenu piètre maraicher.
Ce que je cherche juste c’est un échappatoire. J’ai pris peur l’autre soir, je ne voulais pas avoir d’ennuis, surtout en ta présence. Tu comprends mieux cette précipitation ? On doit apprendre à se connaitre, je ne veux pas que tu me juges et je ne veux pas perdre la chance de t’avoir rencontrée.»
MA écoute. Elle hoche la tète.
Ses sourcils sont relâchés, MA est au cinquième ciel et se dit qu’ils doivent en avoir des points communs. Le premier est cette rancœur envers la société dans laquelle ils vivent. MA a choisi d’aider des démunis, Hugo lui d’aider des étrangers.
Il ne reste que le bruit de bateaux mouches qui résonnent dans la nuit étoilée.
MA est fatiguée, Hugo la raccompagne. Il glisse un post-it dans son manteau.
Qui a dit que les hommes d’aujourd’hui n’ont plus de suite dans les idées ?