Il y a des films de cinéma qui vous émeuvent ; des films dont on se souvient longtemps.

Pour ma part ces films là s’appellent Welcome ou La chambre du fils.

Quelques heures de printemps de Stéphane Brizé fait désormais partie de ce cercle très fermé.

Il s’agit d’un film d’une rare pudeur, ce genre de film qui m’a fait sortir le mouchoir 20 minutes après son commencement pour ne plus le quitter jusqu’à la sortie du ciné.

Dans quelques heures de printemps je ne saurais dire si c’est le décor, le jeu maîtrisé des acteurs ou la véracité de l’histoire qui m’a le plus ému.

Il y a d’abord la simplicité des plans : le pavillon de banlieue, la cuisine, la salle à manger, les ustensiles, le buffet, la blouse de cuisine de cette dame, la compote de pommes, les verres de cantine, le puzzle, le panier du chien, la TV souvent allumée. Tout est minutieusement bien filmé. On est transporté dans ce décor familier qui nous rappelle la maison de nos grands-parents.

Dans ce film, Hélène Vincent joue une dame retraitée, pourtant pleine de vie qui est confrontée au cancer.

On évoque sa solitude, les rituels d’une femme qui n’a pas été gâtée par la vie et qui a fait le choix de mourir dignement. Elle ne veut pas entendre parler des soins prodigués à l’hôpital si son état devait subitement s’aggraver. Elle choisit le suicide assisté par une association suisse dont elle a entendu parler au JT de 20 heures.

Vincent Lindon, son fils rentre vivre chez elle. Il très dur, paumé lui aussi, il a un sacré caractère de cochon et ne ménage pas celle qui lui a donné la vie. C’est ce que j’appelle un « handicapé des sentiments ».

Ce film m’a réellement bouleversé.

Il n’est jamais  facile d’appréhender la mort, les volontés d’un proche, la fragilité des sentiments.

Dans ce film chaque geste est pesé, chaque phrase est subtile.

On ressort de là le cœur gros… je suis sortie de la séance le cœur très lourd.

J’espère très sincèrement que ce film sera récompensé comme il se doit aux prochains César…