Quand j’étais petite j’avais parfois honte de dire que mon papa était agriculteur je ne sais pas pourquoi ces trucs de gosses sûrement qui te poussent à te comparer aux autres.
Et puis en grandissant j’ai compris pas mal de choses et je me suis rendue compte de tout le travail que mon père effectuait seul passionnément et de ma mère qui l’aidait aussi sur la ferme, les sacrifices comme les moments de doute mais surtout de cette chance immense que j’ai eu de vivre et de grandir à la campagne, d’y avoir des tonnes de souvenirs heureux avec mes sœurs et mes parents -
J’ai ensuite découvert avec admiration le travail de Raymond Depardon © et j’ai remis les mains dans la terre, en faisant du Wwoofing au Maroc et ensuite dans mon propre potager.
Et j’ai partagé, j’ai raconté mon enfance, mon adolescence, mes étés dans les champs, la moisson, les pesticides, le futur, les jeunes agriculteurs qui peinent à s’installer, le labeur, la ruralité, la passion.
Et puis il y a deux semaines j’ai regardé ce documentaire incroyable Les champs de la colère (à voir en replay ici) sur les femmes d’agriculteurs qui se battent pour leurs maris.
C’était à la fois poignant de vérité sur la situation de ces hommes amoureux de la terre et des animaux qui n’arrivent plus à vivre de leur métier et rempli d’amour, cet amour inconditionnel des femmes pour leur conjoint : pour les aider à ne pas se laisser aller à la dépression ou au suicide (un agriculteur s’est suicidé tous les deux jours, en 2016), ces sacrifices pour continuer la passion du métier ; ces doutes incessants et l’action remarquable des foulards noirs.
Et puis bien sûr avec mon regard/cœur de maman j’ai été très sensible à ces enfants qu’on voit dans le docu qui ont déjà le virus de la terre et qui ne rêvent qu’à devenir agriculteur tout comme leur papa ; cela a fait écho a pas mal de mes souvenirs d’enfance ; eux aussi sont très fiers de leurs parents…
Regardez ce documentaire vraiment ; c’est certes la triste réalité du monde agricole aujourd’hui et elle doit être connue de tous mais il y a un tel élan d’humanité et d’amour de la part de ces femmes qu’elles ont vraiment de quoi être (très) fières.